1950 - 1984

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Portes ouvertes UPIC au CEMAMu en mai 1980.

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Atelier UPIC à Yokohama au Japon en 1984.

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Atelier de composition musicale sur l’UPIC avec des adultes non-voyants au Forum des Halles de Paris.

Solar, composée en 1982 par Pierre Bernard sur l'UPIC.

Point de vue de Iannis Xenakis en 1981 sur les évolutions futures de l'UPIC.

De sa formation d’ingénieur puis d’architecte auprès de Le Corbusier, Iannis Xenakis déclare en 1979 :

« Mon cheminement était celui d’un noctambule. Il m’est très difficile de l’expliquer. A posteriori, je pense que j’avais le crayon facile : je dessinais, mes dessins représentaient des symboles musicaux. Mais la liberté de pensée pour moi ne pouvait passer par là. J’étais persuadé qu’on pouvait inventer une autre façon d’écrire la musique. Je me suis mis à imaginer des phénomènes sonores en m’aidant de dessins : une spirale, des plans entrecroisés... » (Iannis Xenakis, « Si Dieu existait il serait bricoleur », Le Monde de la musique n°11, Paris, 05/1979, p. 95)

Il n’est donc pas étonnant d’apprendre que le système UPIC (Unité Polyagogique Informatique du CEMAMu) a été conçu et imaginé dès le début des années 1950 par Xenakis. Le suffixe « agogique » évoque tous les paramètres expressifs de la notation musicale. En y accolant le préfixe « poly » Iannis Xenakis ouvre un champ de liberté aux notions préceptives du processus compositionnel en faisant du dessin le principal vecteur de la composition musicale.

Le prototype de cet outil d’aide à la composition musicale par le dessin date de 1977. Ce système de composition musicale informatisé doit sa célébrité en raison de son approche unique de la synthèse sonore, puisqu’ici le clavier des synthétiseurs conventionnels est intégralement remplacé par un stylo électromagnétique. Ce stylo est ici utilisé pour tracer un dessin sur une grande table graphique chargée de le convertir en son. Une innovation technique qui permet à l’utilisateur de concevoir graphiquement et visuellement tous les éléments de sa composition musicale, de la micro à la macro forme de l’œuvre, en hybridant au sein d’une seule et même machine la conception formelle et la synthèse sonore.

Le projet imaginé par Xenakis sera pleinement développé par l’EMAMu (Equipe de Mathématiques et Automatiques Musicales devenue plus tard le CEMAMu) fondée le 20 décembre 1966 par Marc Barbut, François Genuys, Georges-Théodule Guilbaud et Iannis Xenakis qui en assure la direction. La première station UPIC pleinement fonctionnelle vit donc le jour au sein de ce centre qui développera sa conception jusqu’en 2001 : ces recherches mèneront à différentes versions de l’UPIC (UPIC A en 1977, UPIC B en 1983, UPIC C en 1987, etc.) pour aboutir à une version portée sur PC en 1991 et à une version software en 2001.

Dans le but de promouvoir cette invention, le CEMAMu (Centre d’Etudes de Mathématiques et Automatiques Musicales) effectue de 1980 à 1985 quelques voyages destinés à présenter le système dans des centres culturels en France et dans le monde entier pour des sessions d’une à deux semaines : l’équipe du CEMAMu sera par exemple invitée à Lens puis à Lille, en 1980 par l’ARM (Atelier Régional de Musique du Nord-Pas-de-Calais, dirigé alors par Alain Després), ou participera encore au Festival SIGMA de Bordeaux la même année, fera une halte à Paris en 1981 pour les « Journées du solstice d’été » et entamera une tournée en 1982 en visitant les villes de Chambéry, Nice, Marseille, Lisbonne, Middleburg, ou encore Bruxelles.

Ces premières sessions attirèrent déjà quelques compositeurs curieux d’appréhender la composition par le dessin : Julio Estrada et Pierre Bernard expérimentèrent ainsi le système pour produire une série d’œuvres sur l’UPIC. Dès le mois de mai 1984 Xenakis et l’équipe du CEMAMu présentèrent également l’UPIC à de jeunes Japonais lors des « Semaines de la musique française contemporaine » organisées à Yokohama.

1950 - 1984